
Depuis le XVIe siècle, Segonzac est l’un des premiers centres du protestantisme en Angoumois.
Comme à Cognac, son église réformée est constituée en 1558. Sans doute, le séjour de Jean Calvin à Angoulême, entre 1533 et 1535 porta ses fruits vingt ans plus tard… Ou, plus vraisemblablement, les négociants originaires d’Europe septentrionale, venus distiller les vins de la région, se seraient si bien implantés dans le cognaçais pour commercer les eaux-de-vie que la religion protestante se serait profondément enracinée avec eux.
Et elle fut coriace. Après la révocation de l’édit de Nantes (1685), le Temple a beau être rasé, les décombres n’empêchent pas les réunions clandestines (les prêches du désert comme on les nomme volontiers) et Louis XIV n’hésite pas à déployer à l’hiver 1711 un détachement de dragons pour faire plier les réformés de Segonzac à sa volonté. On imagine hélas les violences et les persécutions dont les protestants firent les frais lors de ces tristement célèbres dragonnades.
Enfin, l’édit de Tolérance de 1787 apaise le royaume. Un siècle plus tard, le Temple de Segonzac accueille les fidèles par un verset de l’évangile de saint Matthieu gravé sur son fronton : « Les cieux et la Terre passeront, mes paroles ne passeront pas ».
Les mots dominent une façade majestueuse et ordonnancée avec ses pilastres jumelés et son décor de fronton en relief. Le mobilier (chaire, panneaux, bancs, lustres) est signé par l’architecte et a été intégralement conservé ; il habille un intérieur remarquable. Depuis 1998, le Temple de Segonzac est inscrit aux Monuments historiques.