
Pour quelle raison ? Nous l’ignorons toujours et c’est étonnant car nous savons pourtant (presque) tout de cette église construite entre 1896 et 1898. Nous savons même qu’elle inscrit ses fondations sur celles d’une église plus ancienne, datant du XIIe siècle, qui s’était écroulée le 29 octobre 1892.
Pendant six longues années, les fidèles de la commune ont ainsi été contraints de célébrer l’office dans une grange prêtée par le maire ! Si cette disposition rappelle l’urgence qui porta la mère du sauveur à se réfugier dans un abri qui ne valait pas mieux qu’une grange, la situation à Sainte-Sévère ne pouvait s’ancrer dans une éternité semblable à celle du Créateur.
L’architecte Barbaud est dépêché pour prendre en main la construction. En pleine vogue des néo- (néo-gothique, néo-roman, etc), l’architecte ne s’abandonne à aucune fantaisie (si ce n’est celle de l’orientation) : plan roman en croix latine, voûtes en berceau, arcatures et voussures des ouvertures en plein cintre. La nef est construite sur trois travées, deux chapelles s’inscrivent dans les bras du transept et le choeur est éclairé par trois fenêtres habillées de vitraux peints.
À la même époque, Paul Abadie fils règne en maître dans la région et son influence atteint ses confrères, en témoigne ici le clocher avec sa forme terminale et ses quatre clochettes. Mais Badaud connaît aussi ses gammes et ne manque pas de faire ciseler des motifs en dents de scie, très prisés par les sculpteurs du XIIe siècle, sur les archivoltes extérieures de la nef.
Bien que cette église ne possède pas la même patine que ses consoeurs charentaises du Moyen-Âge, Sainte-Sévère ne manque ni de charme, ni de caractère !