
Sous l’Ancien Régime, Église et aristocratie sont deux faces d’un puissant pouvoir qui possède et ordonne le royaume. Louis Fé, seigneur des Mullons et du Tillet, un petit fief situé à Cognac, a ainsi racheté en décembre 1726 le logis des Mabilles et avec lui, les rentes liées à l’exploitation des terres et à celle d’un moulin sur la Soloire. Par usage et allégeance, le logis du Mabilles devient le logis du Tillet.
Bientôt, un personnage au caractère bien trempé y réside sans trembler pendant la Révolution, voici la demoiselle du Tillet, Élisabeth Théodose. Alors que la noblesse émigre corps et biens, que la prêtrise française est soumise à une nouvelle organisation par l’Assemblée nationale et acceptée (contre son gré) par le Roi, la demoiselle Élisabeth n’entend pas céder aux menaces à peine voilées de la Nation envers l’aristocratie. Elle refuse ainsi de quitter son logis, et de déposer ses girouettes. Car c’est bien là une exigence du nouveau maire, qui veut voir ces signes de noblesse mis à terre. C’est mal connaître la noble dame qui ne cède pas, et n’en est pas inquiétée ! Le logis du Tillet est assurément bien gardé.
La Demoiselle s’éteint en février 1831. Son logis et ses dépendances sont en partie démantelés, partagés et vendus. Seize ans plus tard, la commune acquiert la partie gauche de la bâtisse pour y installer l’école puis la mairie. Dans ces mêmes années, l’église est en partie remaniée avant d’importants travaux entre 1877 et 1881. Durant ce chantier de quatre années, les murs gouttereaux (murs sur lesquels s’appuient les gouttières) sont surélevés, la nef est voûtée de briques et la façade est restaurée.
À peine deux ans après cette fin de chantier, une nouvelle campagne de rénovation érige la chapelle sud, reconstruit la porte et pave la nef. À l’intérieur, une tribune est aménagée sur le mur ouest qui présente un joli vitrail abstrait. Une croix couronne le clocher carré, mais plus aucune girouette ne coiffe le logis du Tillet !