
Composé de 850 boulins (les nids des pigeons), il accueille bien plus d’oiseaux que ne saurait en posséder un roturier.
L’idée romancée que l’on se fait souvent des pigeonniers doit être tempérée. Certes, les pigeons voyageurs ont bel et bien existé mais, le rôle premier des volatiles était moins d’effectuer de longs vols que de garnir les vols-au-vent !
Si ces oiseaux n’avaient été réservés qu’à l’envoi de messages, nous serions en droit de nous émerveiller de l’intensité des communications médiévales, car un pigeonnier peut abriter parfois plusieurs centaines de pigeons. En réalité, ces derniers subvenaient à des besoins plus essentiels et la plupart d’entre eux finissaient sur les tables des seigneurs.
L’alimentation médiévale la plus commune ne consomme de viande et de gibier qu’avec parcimonie. Quotidiennement, les céréales sont la base des aliments.
Les pigeons semi-sauvages, abrités dans les pigeonniers, sont un moyen de pourvoir la table en viande fraîche. Ainsi, en 1261 la maison du Roi de France consommait quotidiennement 400 pigeons et celle de la Reine presque autant.
Par ailleurs, la fiente des pigeons était aussi un objet d’attention. La « colombine » faisait en effet un engrais très efficace pour la vigne, les potagers ou les vergers et se monnayait chèrement si l’on en croit plusieurs contrats de mariage qui ne manquaient pas d’indiquer cette fructueuse source de revenus.
Afin de récolter cet engrais sans effrayer les oiseaux, le sol des pigeonniers était en général pavé et une porte ou une trappe était ménagée à ce niveau. Ces deux usages du pigeon comme nourriture et pourvoyeur d’engrais se maintiendront jusqu’au XIXe siècle, nous en avons pour preuve qu’en 1878 la consommation annuelle de la ville de Paris en pigeons et pigeonneaux était de l’ordre de 2.000.000 d’unités !
Le Pigeonnier d’Ardenne et son site est aujourd’hui animé, sauvegardé et mis en valeur par l’association éponyme.