
L’ouvrage annuellement répété devait être pénible et, sans doute, les propriétaires furent heureux de voir s’élever en 1777 un pont de pierre, bien solide. Il fut édifié par l’entrepreneur, Monsieur Guitton et un graffiti sur l’intrados (la surface intérieure de l’arche du pont) indique toujours la date d’édification de l’ouvrage.
En pierre de taille, ce pont est composé d’une arche unique et a été conçu pour faire face aux crues régulières grâce à un extrados (la surface extérieure de l’arche) plus haut que les berges du ruisseau. Le tablier du pont (la structure qui porte le passage sur lequel on circule) est protégé par un parapet en pierres de taille, souligné à l’extérieur par un épais cordon. C’est là une signature caractéristique de l’architecture civile du XVIIIe siècle. Ce motif marque le profil du pont, ce qui lui vaut le nom de “dos d’âne”.
Sur le garde-corps du pont, une série de petits trous correspond au “jeu du moulin” auquel s’adonnaient les ouvriers et les villageois qui venaient y jouer assis sur le parapet. Ce jeu nécessite un plateau (ici le parapet) présentant des carrés imbriqués offrant vingt-quatre intersections (ici, les petits trous) et deux jeux de neuf pions (neuf cailloux noirs et neuf cailloux blancs par exemple). Le but du jeu est de réaliser un moulin, à savoir un alignement de pions. Si une partie vous tente, vous n’aurez aucune difficulté à trouver sur internet les règles de ce jeu célèbre depuis l’antiquité.
Ce pont est inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques depuis le 18 avril 2003 et a bénéficié d’une restauration en 2007 financée par la Communauté de communes de Cognac, avec le soutien de l’Union européenne (Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole) et du Conseil Général de la Charente.