
À l’instar de nombre de lavoirs charentais, celui de Saint-André fut bâti à la suite d’une loi votée en 1851 qui encourageait les communes de France à se pourvoir de lavoirs publics. Ainsi fleurissent partout ces bassins dallés aux margelles inclinées où les femmes manient les battoirs sur le linge et, cela arrive aussi, sur leurs voisines.
Il faut s’imaginer ces grandes lessives (buées ou buhjées) organisées deux fois l’an et qui réunissent pendant trois jours autour du lavoir toutes les femmes de la commune. Les histoires du pays et les chants traditionnels composent les bavardages ordinaires, mais parfois les langues se délient et les poignets aussi ! Des minutes de procès rapportent des agressions et des bagarres entre lavandières, à coup de battoirs. L’adage préconise de laver son linge sale en famille, et c’est en effet à raison !
Alors que la petite lessive du quotidien exigeait seulement de l’huile de coude, celles bisanuelles, les “grandes lessives”, s’occupaient des grandes pièces de linge et commençaient au cuvier. Dans une grande ponne remplie d’eau et de cendres et maintenue très chaude sur un foyer généreusement alimenté, les lavandières faisaient passer le linge “en enfer”. Puis, cette lessive était portée en brouette au lavoir où elle était battue pour la débarrasser des taches et des impuretés ; c’est l’étape du purgatoire. Elle précédait le paradis, dernière étape de la dernière journée de buhjée, au cours de laquelle le linge propre était rincé dans l’eau claire et fraîche du lavoir avant d’être mis à sécher. Les lavandières expérimentées étendaient le linge à même l’herbe des prés car l’action combinée de la rosée et du soleil matinal rendait, disait-on, le linge éclatant.
Le lavoir a été restauré en 2004 par la Communauté de communes de Cognac, avec le soutien financier de l’Union européenne (Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole).