
Depuis le début des années 1870, le phylloxera se rapproche dangereusement des Charentes et ne manque pas de ruiner les cultures viticoles à partir des années 1880. La construction de l’église a-t-elle trop tardé au goût de la sainte ? Impossible à dire mais il est certain que Fleurac et les communes voisines n’échappent pas à ce fléau.
Installée sur l’emplacement de l’ancienne chapelle du château, la nouvelle église n’en dépasse pas les fondations, ce qui explique en partie sa taille modeste. À cela s’ajoute la somme recueillie lors de la souscription, importante pour un village de quelques 200 âmes mais peut-être insuffisante pour l’élévation d’un édifice plus vaste. Tout de même, la commune fait l’économie du terrain car ce dernier est généreusement offert par Madame Cordier, propriétaire du château de Fleurac.
Une générosité qui permet à la châtelaine de s’octroyer un droit de regard sur les plans de construction et d’y faire ajouter, pour son usage exclusif et pour celui de sa famille, une porte dérobée permettant d’accéder directement à la nef. Manifestement, cela n’incommoda pas les services préfectoraux et du ministère de l’architecture, chargés de superviser la construction de la petite église.
Aujourd’hui, cette charmante petite église marque le cœur du village. Son intérieur coquet et lumineux est meublé d’un petit autel et de sculptures sobres, loin des saint-sulpiceries (sculptures de plâtre peint et icônes de médiocre qualité produites en grand nombre à cette époque) pourtant chères à la seconde moitié du XIXe siècle. Les vitraux soignés donnent à l’ensemble une jolie tournure qui ne jure aucunement avec la multitude charentaise des édifices romans.