
Nous sommes au milieu ou dans le troisième quart du XIIe siècle et l’art roman participe à la sensibilisation des fidèles aux rites chrétiens. Tout dans cet art évoque les bienfaits de la foi et les méfaits du monde des ténèbres. La cuve baptismale se fait ainsi le support idéal pour un tel discours car c’est par le baptême que vient le salut. Chaque face admirablement sculptée était autrefois peinte. Et si la polychromie a disparu, le décor représente toujours le passage des ténèbres du péché vers la lumière du seigneur.
Sur la face orientale, les ténèbres sont associées à des animaux annonçant la mort (dits psychopompes) et des monstres : un hibou, des chevaux, des harpies à corps de vautour et à tête de femme et des chimères à tête de lion et queue de dragon. Tous rodent, défiant le Christ mais incapables de vaincre la foi lumineuse de Saint Pierre et de Saint Paul, placés aux angles.
Sur la face sud, Saint Pierre est accompagné d’un évêque bénissant ; ils dominent ensemble les périls menaçant le chrétien, symbolisés par un oiseau bicéphale et un énorme lion terrorisant un petit personnage.
Sur la face occidentale, deux personnages sont placés sous la protection d’un grand aigle aux ailes déployées évoquant l’esprit sain et Saint Jean l’évangéliste. Le message est clair : une fois baptisé, l’âme du nouveau chrétien pourra accéder au monde céleste. D’ailleurs, la face nord est ornée d’un Christ en gloire porté par deux anges !
En plein pays saintongeais, ces décors romans d’un grand intérêt artistique ont probablement puisé dans une iconographie gallo-romaine encore très présente au XIIe siècle. Décors d’acanthes, chasse aux lions et aigles impériaux imprégnés de l’art romain – lui-même imprégné d’art oriental – ont certainement nourri l’art roman qui plonge ses racines jusque dans l’art byzantin.