
Le parc s’agrandit dans la première moitié du XXe siècle, bénéficiant de la réunion de deux propriétés – La municipalité a d’abord acquis l’Hôtel Otard de la Grange en 1889 pour y installer l’hôtel de ville et en profite alors pour aménager un jardin public. En 1922, elle achète la parcelle voisine occupée par l’hôtel Dupuy d’Angeac pour y installer le musée et procède alors à la réunion des deux édifices et de leurs jardins respectifs. Le paysagiste Raymond Clavery s’essaie à marcher sur les traces d’Édouard André et tire profit des irrégularités du terrain, des creux et des bosses pour brosser un parc idyllique de sept hectares dans lequel il fait bon flâner.
L’ensemble est entièrement classé en 1943. On y découvre avec joie les quelques « fabriques », signatures des jardins d’antan. Ces constructions pittoresques sont autant de surprises pour le promeneur qui s’y délecte de points de vue savamment élaborés. Partez à la recherche de l’orangerie néoclassique, du kiosque à musique légèrement orientalisant, de la grotte et de ses sources rocailles auxquelles on accède par cet admirable pont en faux-bois de ciment, tant en vogue au tournant du XXe siècle. Clou du spectacle, le pavillon gothique est antérieur au dessin du parc et date des années 1840. Fièrement élevé au centre d’un petit bassin, le pavillon est une « folie » construite de cailloux et de briques et retient si bien l’attention qu’il est inscrit au titre des Monuments Historiques. L’indispensable roseraie et l’animalerie séduiront les petits et les grands tandis que les mélomanes ne manqueront pas de reconnaître le théâtre de verdure comme la scène principale du festival Blues Passion.
C’est d’ailleurs par la cour de l’hôtel Dupuy d’Angeac que l’on accède au festival. Le reste de l’année, cette même cour donne accès au musée, installé dans l’Hôtel Dupuy d’Angeac, tandis que l’Hôtel Otard de la Grange est devenu l’Hôtel de ville. Ville prospère au XIXe siècle, soutenue par l’activité du négoce, Cognac est régulièrement ponctuée de maisons bourgeoises et de remarquables hôtels particuliers, inscrivant dans la ville la réussite d’une vie et de plusieurs générations. Le destruction des remparts est l’opportunité pour les négociants de quitter la vieille ville pour s’installer le long de l’actuel Boulevard Denfert-Rochereau. Ils y font élever de superbes hôtels particuliers, selon le modèle classique du logis entre cours et jardin.
Le 19e siècle n’est pas la seule période témoin de l’édification d’hôtels particuliers. Les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles ont, eux aussi, laissé des exemples significatifs de ce type d’architecture à Cognac. Notons l’Hôtel du Plessis (rue du Plessis), l’Hôtel Rabayne et l’Hôtel de Javrezac (rue Magdeleine), l’Hôtel Allenet, celui de l’Échevinage et celui de Verdelin, présentant de remarquables fresques datées du début du XVIIe siècle (rue de l’Isle d’Or). Ce sont encore l’Hôtel Perrin de Boussac et l’Hôtel Brunet du Bocage (rue Saulnier) qui ont sans doute inspiré l’idéal « dynastique » auquel souhaitaient se hisser les négociants à partir du XIXe siècle.