
Observez comme elle est divisée en trois larges travées qui sont délimitées au rez-de-chaussée par des pilastres. Ces éléments gonflent au niveau supérieur pour se faire colonnes. Couronnant le tout, un pignon triangulaire est simplement percé d’une fenêtre étroite.
L’entrée se fait par l’arcade centrale, encadrée de deux arcades aveugles. Les voussures, les arcs en plein cintre qui surplombent la porte, sont richement décorées. Sur la plus basse, un médaillon central est sculpté de l’Agneau tenant le Livre de Vie. Il est placé entre les symboles des évangélistes (l’aigle pour Jean, l’ange pour Matthieu, le taureau pour Luc et le lion pour Marc), accompagnés d’un ange.
La deuxième voussure est foisonnante de rinceaux, de personnages et de créatures fabuleuses. Tout ce décor semble d’ailleurs si plein de vitalité qu’il se propage aux chapiteaux voisins. Enfin, la troisième voussure est entièrement prise dans une luxuriante végétation stylisée. Au-dessus des trois arcades, un bandeau à consoles alterne rosaces et modillons. Le second niveau présente quatre sculptures en ronde-bosse difficiles à identifier, mais où l’on reconnaît parfaitement un cavalier ; elles ont toutes été restaurées au XIXe siècle.
À l’intérieur, une large nef est aménagée en trois vaisseaux sur six travées. L’ensemble est voûté en berceau. La lumière très douce provient d’un éclairage indirect par des baies aménagées dans les collatéraux. C’est une singularité, car en Charente, la nef unique domine ordinairement.
Près de soixante chapiteaux de la nef ont été remplacés ou retaillés au XIXe siècle. Toutefois, cela n’entame en rien une richesse iconographique particulièrement intéressante. Des griffons, des monstres, de curieux personnages, des scènes bibliques (comme celle du sacrifice d’Abraham) et toujours cette végétation de pierre qui enserre le décor, méritent d’être admirés au gré de votre circulation dans l’édifice.
Comme nombre d’églises de la région, celle de Châteauneuf-sur-Charente n’a pas échappé aux vicissitudes du temps et des guerres (surtout durant la seconde moitié du XVe siècle). Après la Révolution française, elle servit même de prison ! Classée aux Monuments historiques en 1862, elle a été considérablement restaurée par l’architecte Paul Abadie fils (célèbre pour la construction de la Basilique du Sacré-Cœur, à Montmartre) qui lui a tout de même redonné une certaine harmonie, à l’aune de ce que ce spécialiste de l’art roman estimait être l’essence de ce style.