
Ainsi, la rivière a été aménagée en deux endroits qui distinguent les moulins hauts des moulins bas. Au XVIIIe siècle, trois moulins hauts sont installés sur les écluses et des moulins bas occupent l’extrémité d’une chaussée bâtie en 1613. L’impasse des moulins témoigne encore de cette activité ô combien importante dans l’économie agraire de l’époque moderne.
Au XIXe siècle, les moulins des Écluses (comptant quatre roues en 1813, puis trois roues en 1849) appartiennent à deux familles de meuniers, devenus minotiers avec l’industrialisation de leur outil de travail.
Dans les années 1920, l’ensemble est acquis par Eugène Baud, qui entreprend de reconstruire les bâtiments abîmés en même temps qu’il agrandit sa minoterie industrielle et l’enrichie de technologies à la pointe de la modernité. Car l’activité a bien changé en un siècle et, désormais, la farine doit être produite en très grande quantité pour être rentable. Eugène l’a très bien compris et son entreprise se maintient jusqu’en 1983 avant de se faire le symbole d’un patrimoine industriel local, porteur de la mémoire collective. À ce titre, la minoterie est rachetée par la commune une trentaine d’années plus tard. Immédiatement, la municipalité fait inscrire cet important bâtiment s’élevant sur plusieurs étages aux Monuments Historiques. Ainsi, sa roue à aube, les engrenages et les machines, intactes, sont désormais préservées.
Aujourd’hui, Bourg-Charente entend valoriser ce lieu et cette activité ancestrale qui occupa nombre de familles du village sur plusieurs générations.
La grande maison patronale est demeurée la propriété privée des descendants d’Eugène. Au contraire des espaces inscrits aux Monuments historiques, cet ensemble a été vidé de toute machinerie. La famille Baud profite ainsi du clapotis régulier du Romède sans n’avoir plus à veiller au grain !