
Plusieurs pierres à laver portent encore le souvenir des deux grandes buhjées, les lessives annuelles destinées au linge de maison, qui s’étiraient sur plusieurs jours et voyaient défiler au lavoir tous les habitants du village. Les hommes portaient les brouettées de linge, les femmes lavaient et rinçaient, puis les enfants se chargeaient d’étendre et de surveiller le linge mis à sécher sur des fils ou sur l’herbe.
L’eau de ce lavoir provient d’une fontaine située de l’autre côté de la route, son regard est fermé d’un volet mais ne vous fiez pas à l’humilité de l’installation, car cette fontaine est miraculeuse ! C’est en tous cas ce que prétend la légende. Une légende qui ne fut pas du goût de l’Église catholique au Moyen-Âge. Cette dernière s’évertua à jeter l’opprobre sur cette fontaine grâce au nom duquel elle l’affubla : la font aux putes.
À l’instar des sorcières, cette eau aurait un pouvoir magique, celui de guérir les plaies et de les faire cicatriser plus rapidement que de coutume. Or, à l’époque de ces superstitions, l’Église médiévale mène justement un combat acharné contre ces eaux supposées magiques car leurs profondes sources païennes vont à l’encontre de la religion monothéiste. Incapable d’éradiquer ces croyances antédéluviennes, elle entreprend de les christianiser en les associant à des saints. Et si cela ne suffit pas, alors l’Église emploie les grands moyens. Les toponymies changent et adoptent des termes dans une langue qui n’a rien de châtiée. Ainsi, la font aux putes n’est pas une spécialité locale de Birac et il s’en trouve des similaires à Angoulême ou à Brossac.