
Leur tracé souvent rectiligne permettait de traverser l’empire rapidement. C’est d’ailleurs grâce à ces axes que le premier service postal voit le jour : le cursus publicus et c’est aussi grâce à l’un d’eux, le chemin Boisné, que s’esquisse le maillage du territoire charentais.
Ce chemin long de 140 km reliait Saintes à Périgueux et complétait la via Agrippa allant de Saintes à Lyon. Il permettait ainsi une liaison entre la façade atlantique et la Via Domitia (longeant la côte méditerranéenne), en passant par Périgueux, Sarlat, Rodez et Nîmes. Si l’origine de son nom s’est probablement perdue dans le temps, le chemin Boisné a laissé au territoire cognaçais un souvenir qui a fait sa célébrité : ses vignes !
Grâce aux échanges fructueux permis par les routes antiques, les premiers plants de vigne italiens parviennent en Charente. Puis, en 276, l’empereur Probus (circa 232 – 282) abolit l’édit interdisant la plantation de nouvelles vignes hors d’Italie si celles-ci n’appartiennent pas à un romain. La vigne charentaise peut désormais prendre durablement racine.
À l’époque médiévale, le chemin de Boisné apparaît toujours sur les cadastres (sa plus ancienne occurrence remonte à l’an 1297) et figure surtout sur la Table de Peutinger, une copie du XIIIe siècle d’une ancienne carte romaine où figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain. La persistance de cette voie va ainsi servir le commerce et permettre d’acheminer le vin de Saintonge et du cognaçais à Brouage pour le vendre aux Hollandais et aux Scandinaves friands du vin de ce pays. Ainsi débute l’histoire du cognac…