
Au Moyen-Âge, elles ponctuent un itinéraire secondaire emprunté par les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle ou ceux des reliques de saint-Eutrope à Saintes. L’abbaye accueille d’abord une congrégation de moines bénédictins de Saint-Cybard d’Angoulême avant d’être rattachée à l’abbaye clunisienne de Saint-Jean-d’Angély, de 1095 à 1246.
L’effervescence bâtisseuse atteint son apogée au XIIIe siècle. Si dans l’église se dessine le style « gothique de l’Ouest » avec ses voûtes d’ogives bombées, les murs de la nef primitive sont conservés. Désormais, cette abbaye imposante se fait haut lieu du pouvoir spirituel et politique et cible privilégiée des périodes troublées.
Ainsi, le siècle suivant inaugure une triste et longue période de dégradations dans le contexte de la guerre de Cent ans (1337 – 1453) : pillée et incendiée par les troupes anglo-gasconnes en 1434, l’abbaye est restaurée et fortifiée sous Henri de Courbon (abbé de 1451 à 1476) tandis que le logis et le cloître sont reconstruits.
Au tout début des Guerres de Religion (1562 – 1598), elle est encore pillée par les Protestants en 1564 avant d’être assiégée et en partie détruite cinq ans plus tard, lors de la bataille de Jarnac en 1569.
Presque un siècle plus tard, en 1666, l’ensemble renaît enfin de ses cendres.
Grâce à la Congrégation des bénédictins de Saint-Maur, les bâtiments conventuels sont reconstruits dans le style austère qui leur est cher : l’architecture classique est très sobre, les sculptures épurées. De grandes fenêtres au premier étage sont couronnées d’une toiture à la Mansart (à combles brisés) pourvues de lucarnes alternant frontons triangulaires et semi-circulaires dans lesquels figurent encore quelques dates gravées. En cette seconde moitié du XVIIe siècle, le mobilier liturgique de l’église abbatiale s’enrichit de remarquables pièces tels que jubé, lutrin, stalles ou retable.
Le cloître lui a beaucoup souffert des dégradations passées et il n’en reste déjà presque rien.
Presque cent ans passent avant que la Révolution française ne chasse les religieux, confisque les bâtiments et fasse inscrire sur la façade de l’église devenue Temple de la Raison la formule déiste d’origine révolutionnaire : « Le peuple français reconnaît l’existence de l’Être Suprême et l’immortalité de l’âme ». L’église abbatiale ne retrouvera sa vocation initiale qu’au moment du Concordat avec le retour d’un curé à Bassac et deviendra alors église paroissiale suite de la désaffection de l’église Saint Nicolas (dont il ne reste que des ruines surmontées d’un grand crucifix à l’entrée ouest du bourg.)
La propriété monastique est quant à elle divisée en neuf lots, vendus en 1793 à des fermiers qui transforment les lieux en bâtiments de ferme et en chais.
En partie abandonnée après son occupation par l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale, l’abbaye, en piteux état, va être rachetée petit à petit à partir de 1947 par la Congrégation des Missionnaires de Sainte Thérèse. Venue de Vendée, celle-ci entreprend alors, jusque dans les années 1990, d’importants travaux de rénovation des bâtiments et des jardins et va animer les lieux jusqu’en 2012.
Dix ans plus tard, l’arrivée à Bassac d’une nouvelle communauté, quant à elle issue des Foyers de Charité, permet à l’abbaye de renouer avec sa mission d’accueil et sa vocation spirituelle. Par ailleurs de nouveaux travaux importants sont entrepris à l’intérieur des bâtiments afin d’accueillir au sein de cette communauté toute personne désireuse de faire une pause et de se resourcer. D’autres travaux viennent d’être entrepris comme la restauration de la galerie voutée, celle des anciennes écuries de l’abbé, ou encore la rénovation de volets et des toitures.
Aujourd’hui, l’abbaye, nichée dans ses jardins à la française dessinés au XVIIe siècle et traversés par le Canal des Moines (lui-même alimenté par un affluent de la Charente), a retrouvé toute sa sérénité et sa vocation d’accueil. Elle coule à nouveau des jours paisibles.